Branle-bas de combat, la désignation de la date de tenue de l’Assemblée générale de la Fédération tunisienne de football a mis en effervescence tout le… pays. Avec raison. Tout d’abord, parce que le football, c’est le pays entier qui s’y intéresse. Que l’équipe nationale marche ou qu’elle trébuche, cela revient au même. Que l’équipe locale gagne ou perde, c’est le destin qui l’a voulu, mais que le football ne soit pas de la partie, qu’il n’y ait pas de matchs, que le public, pour une raison ou une autre, soit privé de cet opium, c’est inimaginable, grave, insensé.
Ce sont ensuite toutes les informations, fausses ou vraies, qui ont meublé ces dernières années de règne des admirateurs de Louis XIV qui laissent des traces. Et posent une question. Une seule qui taraude les plus intéressés pour des raisons multiples : comment allons-nous nous en sortir avec une gestion sportive qui remettra sur les rails une discipline marquée durant des années par une certaine errance tout en marquant son chemin tortueux de pierres blanches qui serviront à détruire un édifice porté à bout de bras en dépit de la tempête qui le secoue ?
Tout ce beau monde n’a cure des réalisations et des acquis anodins ou spectaculaires mis en scène et exploités. Les désaccords entre la FTF et d’autres organismes sportifs du pays (nous ne les citerons pas, ils se reconnaîtront) représentent les mille et un sujets de conversations, de tractations, de moqueries, de coups obscurs et de désaccords.
Pendant ce temps, nos concurrents se sont appliqués pour mettre de l’ordre dans leurs affaires. Ceux qui étaient venus pour voir de quelle manière fonctionnait ce «professionnalisme» mis sur orbite par ce sacré pionnier tunisien, bien parti pour conquérir la planète football dans la galaxie africaine, sont repartis bredouilles. Ce n’était qu’un faux départ.
Hélas, ce n’était qu‘une apparence. Le football tunisien ne tenait plus la route.
La première preuve, c’est qu’il était devenu, au fil des années, dépendant, non pas de ses propres ressources, mais de ses enfants de deuxième génération établis à l’étranger.
Tous les autres pays du monde, s’ils ne «nationalisent» pas des joueurs pris au berceau, mettent la main sur ceux qui pourraient les aider. Mais la proportion entre les locaux et ceux vivant à l’étranger garde un certain aspect qui préserve non pas les apparences mais la crédibilité. Nous avons perdu cet atout majeur. Au niveau local, les choix n’ont pas toujours été heureux mais le «marche ou crève» imposait la ligne à suivre en dépit de l’absence totale de conviction. Ce qui importe, et avant tout pour rattraper le temps perdu, c’est de laisser la future équipe travailler tout en faisant appel à des hommes qui ont fait leurs preuves.
Tout remettre à plat
Cela semble sur la bonne voie. Les uns sont sortis du bois. D’autres se contentent de tirer les ficelles. D’autres encore affûtent leurs armes pour rattraper le temps perdu et se venger. Et c’est ce qui inquiète le plus. Pour que cela marche, il faudrait tout remettre à plat et que le milieu ambiant s’y apprête. Que ceux qui auront à tenir les rênes donnent la priorité à la formation, à l’encadrement, à l’infrastructure, à la gestion d’un professionnalisme envahissant, exigeant, impitoyable.
Le football n’est plus une affaire d’amateurs, c‘est une affaire politique dont les répercussions rejaillissent sur tout un peuple et sur ses dirigeants. On a même dit du football que c’est une manière de faire la guerre autrement.
Mais trêve de littérature. Ceux qui se sentent capables de faire emprunter à ce football le virage salvateur vers les fondamentaux qui lui manquent et ces balises incontournables comme la mise en place d’un véritable professionnalisme au niveau du football et de l’arbitrage, s’annoncent et s’engagent à faire œuvre utile.
Le tort de ceux qui ont géré durant toutes ces dernières années, c’est qu’ils ont tout sacrifié pour tout d’abord faire durer leur seul plaisir. Ils auraient dû activer et donner l’exemple en soumettant ce statut du professionnel, non pas comme l’a fait un ministre de passage qui avait plagié les statuts du professionnalisme français en le cannibalisant. Et pour l’Histoire, c’est «La Presse» qui a dénoncé cette manipulation et mis un terme à cette singerie.
La seconde tâche et non des moindres, accorder l’attention à cette infrastructure et intervenir, aider, suggérer, bouger pour que les gouvernorats mettent la main à la pâte et redonnent vie à ces installations qui ne sont plus que des vestiges historiques. Bon vent, et que le futur soit meilleur que ce passé à oublier et qui a mis une décennie pour enfin redonner l’illusion d’un espoir qui pointe, mais duquel nous ignorons tout !